Je suis une mère. Je le suis même par deux fois. Toutefois, je n’ai pas honte de dire que la maternité m’est tombée dessus. Elle m’est tombée dessus dans tout son aspect positif. J’ai un amour inconditionnel pour mes enfants et je deviendrai lionne si quelqu’un leur faisait du mal. Leur vie est ce qu’il y a de plus cher au monde. C’est une certitude.
Cependant, elle m’est également tombée dessus, comme une fatalité. La vision utopique du maternage et ce devoir de reconnaissance que je me dois d’avoir car j’ai mis au monde des êtres que je dois choyer par-dessus tout, cette obligation d’être heureuse d’avoir un corps partiellement détruit car “ils sont le signe des deux plus grands bonheurs de ma vie“, m’éreinte.
Il m’arrive parfois de :
- hurler sur mes enfants parce que ma patience a des limites (mais ça va, j’ai une voix douce donc quand je crie à ce qui paraît, j’y crois, mais je crie pas vraiment)
- zapper de signer le carnet de correspondance ou qu’il y avait un truc à ramener à l’école
- être soûlée de faire faire les devoirs à ma grande mais je m’y colle quand même
- de me demander ce que ma vie serait sans mes enfants et je me dis que je ferai trop de trucs de fous, genre voyager ou dormir une nuit entière
- leur donner des bonbons et des goûters pas recommandés par les nutritionnistes
- puis parfois, je me dis que je leur donne un goûter sain et je me cache pour pas qu’ils me voient manger leur bonbons et leur goûters chimiques
- leur faire sauter le bain d’une journée parce que les faire rentrer dedans est un combat et les faire sortir du bain est un combat…Non mais sérieux. Cet esprit de contradiction.
- dire des putains de gros mots devant eux (je me contient du mieux que je peux)
- les laisser porter ce qu’ils veulent porter parce que j’ai pas envie de me prendre la tête et du coup on se retrouve avec la collection printemps/été d’un service psychiatrique
- Ne pas avoir envie de jouer avec eux parce que c’est pas le moment et que je suis épuisée
- abdiquer de fatigue et filer chez le traiteur américain
- dire à mes enfants de mentir sur leur âge pour avoir une réduction
- dire non, puis dire oui, puis déprimer en me disant que je n’ai aucune autorité et que plus tard mes enfants me taperont et me marcheront dessus comme dans Pascal le grand frère
- vouloir être sans eux puis au bout de 4 heures, ils me manquent
- Ressentir ce manque intense de maman, puis au bout de 10 minutes de retrouvailles, je regrette le point d’avant…Le fameux paradoxe parental!
- aller au toilettes parfois juste pour faire une pause et avoir un moment à moi
- désespérer sur mon rôle parental et de me demander comment font les autres parents puis je me dis qu’en fait, ça doit être partout pareil.
- d’avoir hâte que mon fils fasse sa sieste le week-end pour avoir un instant de calme
Tout ces exemples pourraient faire de moi ce qu’on qualifie aujourd’hui, à tord et à travers, de mère indigne. Cette mère parfaite pourrait me juger, me dire que je ne donne pas des produits bio et green à mes enfants, me dire que les siens à elle ne connaissent pas la télé, me dire que sa passion est de s’occuper de ses enfants et qu’elle adule le moment du coucher. Certes. Je suis heureuse pour elle et ravie de voir qu’elle atteint son bonheur ainsi. Je pourrai me sentir jugée au travers de ce regard, me remettre en question, culpabiliser et faire en sorte de changer mon quotidien pour arriver à cette finalité : être la mère parfaite.
Nonobstant, quand je diffame de temps à autre mon rôle de mère, mes enfants sont le meilleur remède à cette auto-accusation lorsqu’ils me regardent amoureusement, lorsqu’ils me disent que je suis une gentille maman et qu’ils me prennent dans leur bras pour un mega-câlin.
En définitive, toute la liste que j’ai énumérée ne fait de moi une mauvaise mère qu’aux yeux des autres, au regard de ceux qui sont plein de jugements et qui ont quantité de leçons à donner, à ceux qui pensent avoir la connaissance suprême du savoir aimer, savoir éduquer et savoir élever. Mais aux yeux de mes enfants, malgré mes failles, je reste leur maman adorée. Cette pression et cette épée de Damoclès du maternage parfait doit déguerpir du dessus de nos têtes. Ce qui est imposé n’est jamais bien digéré, et ne nous rend certainement pas plus heureux.
Bref, je suis juste une maman.
Ce joli cadre que vous voyez en photo représente ma famille en Lego.
C’est un super cadeau qui m’a été fait par mon amie et je trouve l’idée vraiment originale.
À toutes les mamans, arrêtons de nous mettre la pression et aidons-nous.
N’hésitez pas à me dire en commentaire ce que vous pensez de tout cela.
“Le traiteur américain”
J’adore, je retiens 😀
Ca n’existe pas des mamans parfaites, enfin si, tu l’es, aux yeux de tes enfants 🙂
Souvent, pour toutes les raisons que tu as cité je doute, j’ai peur, puis ils me disent “Tu es la meilleure maman du monde” et je me rassure en me disant que finalement, c’est tout ce qui compte.
Ps : tu as de la chance pour les toilettes, moi après 3 secondes j’entends “Mamaaaaan t’es ouuuuu” avant de voir la porte s’ouvrir 😀
Le rôle de maman est vraiment pas évident on l’aime autant qu’on le déteste et cette schizophrénie est parfois éreintante lol Merci de ton commentaire et de ton témoignage
Il n’y a pas de maman parfaite 😋
Il peut-être des mamans qui se sentent parfaites ☺️
Dommage alors, se sentir parfait, c’est un prétexte à ne plus d’améliorer. Exit la réflexion et le développement personnel.
Et puis les enfants, qu’en pensent ils?